À partir du 23 ter de l’avenue
Junot, au cœur du quartier Montmartre à Paris, la Villa Léandre a le mérite de dépayser n’importe quel visiteur en quête de découvertes. Caractérisée par ses jolies voies pavées et arborées, elle est surtout connue pour ses magnifiques maisons de caractère, et notamment pour ses quelques constructions en brique rouge, qui rappellent volontiers l’architecture anglo-saxonne.
Avant les maisons de briques, à quoi ressemblait la Villa Léandre ?
Lorsque le secteur autour de la butte Montmartre n’était qu’une vaste étendue de terres agricoles, on trouvait un moulin à cet endroit. Il avait été bâti par Nicolas Ménessier dans les années 1720. Entouré de champs dans lesquels les vaches se nourrissaient, le Moulin des Prés avait un surnom : le Moulin de la béquille.
L’édifice devait cette appellation à l’une de ses parties essentielles, la béquille. Cette perche de bois, située entre le corps du bâtiment et ses hélices, permettait de faire tourner l’ensemble grâce à l’énergie du vent.
Le moulin a fonctionné pendant plusieurs années, il a été abandonné au XIXe siècle puis détruit quelque temps plus tard.
Les premières constructions de maisons
La suppression du moulin n’a pas permis de commencer à ériger les fameuses maisons que l’on connaît aujourd’hui sur la Villa Léandre. Pendant plusieurs années, le secteur est resté globalement vert, même si quelques familles modestes y ont bâti des habitations sommaires.
En revanche, au milieu des années 1920, la zone a vécu une véritable métamorphose. De belles maisons, mais aussi de petits immeubles, sont sortis de terre. On a alors décidé de nommer ce secteur « Villa Junot ».
Le terme de « Villa Léandre » est arrivé seulement quelques années plus tard, en 1936. Il fait référence à Charles Léandre, un dessinateur et artiste peintre surtout connu pour ses caricatures, publiées dans des journaux comme le Figaro ou le Rire. D’origine normande, il avait passé toute sa vie, entre 1862 et 1934, dans le quartier Montmartre.
Parmi les lieux emblématiques dans la vie de cet artiste, on trouve notamment l’atelier d’Émile Blin situé rue Cauchois, son propre atelier rue Lepic et son dernier atelier rue Caulaincourt. Connu pour son engagement du côté des anty-dreyfusards, l’homme a caricaturé Émile Zola, qu’il a représenté comme un vieux personnage gribouillant sur un petit rouleau de papier.
Les légendes de la Villa Léandre
Toute la Villa Léandre fait l’objet d’un classement dans le but de protéger son patrimoine et sa valeur architecturale. On murmure que la maison portant le numéro 2 aurait été l’une des résidences de Richard Berry. Et plus généralement, on sait que beaucoup de célébrités passent par ce lieu de vie emblématique pour y trouver une sérénité au cœur de Paris, comme ça a été le cas d’Olivier Sitruk.
Les maisons les plus mythiques restent incontestablement celles qui portent les numéros 8 et 8 bis. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les beaux-parents de Roger Vaillant habitaient au 8 bis.
On raconte une légende tout autre au sujet du 10 Villa Léandre, charmante demeure que Michel Piccoli aurait offerte à Juliette Gréco. N’appréciant pas Montmartre, l’actrice n’y aurait en réalité jamais vécu.
Plusieurs visites guidées des lieux les plus connus et les plus étonnants de Paris incluent cette pépite qui mérite le détour : tous les touristes peuvent facilement la découvrir et baigner dans l’atmosphère unique de cette rue pas comme les autres.
Image : CC BY 3.0