Avant d’être le nom d’une place à Montmartre et d’une station de métro parisienne, Jules Joffrin fut un militant syndicaliste révolutionnaire puis un dirigeant socialiste pendant la commune de Paris. Son engagement en faveur des plus démunis et des ouvriers, et son implication totale dans le projet communard ont laissé des traces visibles aujourd’hui encore dans la Capitale.
La Jeunesse de Jules Joffrin
Né en Champagne dans une famille modeste, le jeune Jules Joffrin arrive à Paris à ses 18 ans, en 1864, dans l’espoir de trouver un travail. Ce qu’il fait rapidement, en prenant un poste d’ouvrier mécanicien. Mais dans le Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle, entrer en dans une usine était presque obligatoirement la garantie d’être amené à fréquenter différents révolutionnaires communistes, socialistes, et anarchistes. La Ville Lumière, en effet, est alors en plein bouillonnement (c’est à Paris que se trouve alors le bureau politique des Bolsheviks russes en exil). Rapidement, Joffrin se tourne alors vers le syndicalisme alors en plein développement et, dès 1868, c’est lui qui fonde la chambre syndicale des ouvriers mécaniciens. Il n’a alors que 22 ans.
Mais la révolution socialiste que lui et ses camarades appellent de leurs vœux devra encore attendre un peu, car en 1870 éclate la guerre Franco Prussienne, qui s’achèvera sur une humiliante défaite pour l’armée française, mettant fin au règne de Napoléon III. Paradoxalement, c’est cette cuisante défaite et le terrible siège de Paris par l’armée prussienne qui donnera au modèle communiste ses premières heures de gloire et à Joffrin l’occasion de se faire un nom.
Joffrin pendant la commune de Paris
En 1871, alors que l’armée française a été vaincue, les Prussiens continuent à assiéger Paris pour pouvoir mettre la pression sur la France pendant les négociations de paix. Devant les conditions de vie qui se dégradent et le manque de nourriture, la grogne de la population devient incontrôlable : le préfet de Paris fait donner l’ordre aux militaires de tirer sur la foule. Ces derniers s’y refusent et exécutent à la place leurs officiers : c’est le début de la Commune de Paris. Les élections qui sont ensuite organisées dans la Capitale donnent la victoire à une coalition de plusieurs mouvements d’extrême gauche, dont les socialistes au rang desquels Jules Joffrin. Il y dirige une commission militaire, chargée de coordonner les différentes milices républicaines. Un rôle qui va vite se révéler essentiel, car bientôt, les « versaillais », garants de l’ordre ancien, vont réprimer avec brutalité les communards. C’est la semaine sanglante, qui met fin à 72 jours d’utopie socialiste.
Nombreux Communards seront alors exécutés ou envoyés au bagne pour de très longues peines — les plus chanceux, parmi lesquels Jules Joffrin, réussiront à s’exiler.
L’exil à Londres et la fin de sa vie
Depuis son exil londonien, Jules Joffrin n’arrête pas ses activités. Il y participe à la commission de propagande révolutionnaire à partir de 1872, et récolte des fonds pour venir en aide à ses anciens camarades déportés. Il finit par rentrer en France en 1880, à la faveur d’une loi d’amnistie.
Bien sûr, il participe activement à la vie politique de la toute jeune troisième république, en fondant plusieurs journaux et se présentant à des élections. D’abord conseiller municipal de Paris, il réussira à se faire élire député, mais n’occupera pas longtemps cette fonction, étant emporté quelque temps après par un cancer. Joffrin ayant assez peu écrit par rapport aux révolutionnaires de son époque, il ne reste que peu de traces de sa pensée politique, mais l’immense cortège qui accompagna son cercueil donne une bonne idée de l’impact qu’il a eu sur ses contemporains.