À Paris, le quartier Montmartre a connu une période complètement folle, entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle. Au 53 du boulevard de Clichy, deux cabarets voisins accueillaient des soirées incroyables : le Ciel et l’Enfer.
Les origines des cabarets de l’Enfer et du Ciel
Antonin, qui est également à
l’origine du cabaret du Néant situé au 34 boulevard de Clichy, a ouvert les
cabarets le Ciel et l’Enfer dans la même rue en 1896. Vus de l’extérieur, les
deux établissements attirent tous les regards : en façade, l’Enfer affiche
une grande tête de diable qui semble vouloir tout dévorer… Et la porte se place
justement dans la bouche de cette créature terrifiante !
Un peu moins exubérante, la
façade du Ciel se présente dans un style assez médiéval, faisant très
subtilement écho à l’entrée d’une église. Le fait que ces deux bâtiments
complètement antagonistes soient voisins contribue naturellement à alimenter
les légendes qui circulent autour de ces deux lieux de fête.
Les soirées au temps des cabarets du Ciel et de
l’Enfer
À l’époque où l’Enfer ouvre à
Montmartre, les fêtards ont déjà l’habitude de passer les soirées au Moulin
Rouge, et dans les nombreux autres établissements ouverts. C’est la raison pour
laquelle, dans un premier temps, l’Enfer passe relativement inaperçu… Malgré sa
façade atypique et ses promesses démoniaques !
Pourtant, à l’époque, ce lieu
innove sur de nombreux plans. Au-delà de sa façade, il se présente aussi comme
l’un des premiers restaurants à thème que l’on ait ouverts partout dans le
monde. En effet, quand le portier accueille les clients ici, il prononce
toujours la phrase « Entrez et soyez damnés », sans compter que les
serveurs sont déguisés en diables et que les commandes ne ressemblent à aucune
autre (des « tables 666 », des « pincées de soufre » à la
place du sel, et bien plus encore).
Ceux qui choisissent de se rendre
au Ciel vivent dans une tout autre ambiance. Ici, ce sont les sons d’un orgue
qui, un peu comme à l’église, créent une atmosphère céleste. Les boissons, qui restent
relativement classiques (bière, cerises à l’eau-de-vie et autres petits
plaisirs), sont servies dans ce que l’on appelle des « coupes
sacrées ».
Les concepts de ces deux espaces
sont extrêmement provocants pour l’époque. Très rapidement, on les considère
comme des établissements peu honorables, qui autorisent toutes les formes de
débauche et qui enchaînent les provocations vis-à-vis de la religion. Cette
réputation n’empêche pas les deux espaces d’accueillir de nombreuses personnes
pendant une cinquantaine d’années.
En 1950, le Ciel et l’Enfer
ferment définitivement leurs portes, on trouve aujourd’hui à leur place un
supermarché Monoprix.
L’histoire unique de deux cabarets incroyables
Alors même que l’on peut trouver
au cabaret de l’Enfer des « trucs magiques », le cabaret du Ciel
valorise quant à lui des « illusions mystiques » (le cabaret du
Néant, quant à lui, est également appelé « cabaret macabre » et se
spécialise dans les « évocations d’outre-tombe »).
Antonin, qui a créé les deux
établissements, a été avant professeur de lettres. Véritable passionné, il se
déguise en Saint Pierre ou Méphistophélès pour donner le ton des différentes
soirées organisées.
Le cabaret de l’Enfer accueille de temps en temps des artistes surréalistes, regroupés autour d’André Breton dont l’atelier se situe juste au-dessus. Aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace de ces deux cabarets : si vous voulez en savoir plus à leur sujet, il faut vous tourner du côté des anciennes cartes postales et des documents d’archive.
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