L’affiche du Chat Noir est connue de tous. Mais beaucoup de personnes ignorent l’histoire de ce lieu emblématique de la Belle Époque, ayant animé pendant de nombreuses années la vie de Montmartre, dans le 18e arrondissement de Paris, à la veille du XXe siècle.
L’avant-garde caractérise le Chat Noir
Aujourd’hui encore, il est
difficile de connaître précisément l’origine du nom de ce cabaret. Pourquoi le
Chat Noir s’appelle-t-il ainsi ? Pourquoi cet emblème ? Certains affirment
qu’il s’agit d’une subtile référence à la nouvelle d’Edgar Allan Poe. D’autres
pensent plutôt que le nom est un clin d’œil au petit chat troué visible devant
l’établissement.
Quelle que soit l’origine de son
nom, le Chat Noir a existé pendant une quinzaine d’années seulement. Une très
faible espérance de vie mais une véritable renommée ! Quand Rodolphe Salis
décide, en 1881, de créer un café-concert, ses ambitions sont claires : il
veut accueillir le haut-rang du quartier, mettre en valeur des décorations
riches dans le style « troubadour ». Au tout début, on connaît surtout les
boissons peu savoureuses du Chat Noir.
Pour rendre ce lieu unique, le
propriétaire emploie un garde Suisse : il surveille les entrées, tout en
interdisant l’accès aux prêtres et militaires. Il imagine des serveurs déguisés
en académiciens. Ses idées sont toutes très originales, surprenantes parfois.
Mais elles plaisent à cette population bohème, qui aime se détendre dans les
lieux culturels de Montmartre.
La fête avant tout !
Chaque soir, Émile Goudeau
(journaliste et romancier) vient au Chat Noir, accompagné de quelques autres
écrivains et chansonniers. En 1882, une revue hebdomadaire est créée pour faire
parler du cabaret. Ce journal traduit à merveille l’état d’esprit du cabaret et
incite tous les amateurs d’art à venir.
Rapidement, de très grands noms
se retrouvent sur place pour de belles soirées : Vincent Van Gogh, Guy de
Maupassant ou encore Henri de Toulouse-Lautrec. Bien avant le Moulin Rouge, le
Chat Noir a su s’imposer comme un vrai lieu de fête à Paris. Devant son succès,
le cabaret déménage au 12, rue de Laval (aujourd’hui, la voie s’appelle rue
Victor-Massé). Pour décorer le nouveau local, l’extravagance et la démesure
sont au rendez-vous, comme le souhaitait Rodolphe Salis depuis le début.
Au cœur de la Belle Époque, en
1885, les changements sociaux sont nombreux en France. Les habitués du Chat
Noir ont envie de fête, ils s’émancipent et se divertissent devant le théâtre
d’ombres, un ancêtre du cinéma. À l’époque où les pianos étaient prohibés dans
les débits de boisson, le propriétaire du Chat Noir en a fait installer un dans
son établissement. Claude Debussy y aura composé certains morceaux.
La durée de vie du Chat Noir aura
été très courte : ouvert en 1881, il ferme en 1897. Pendant 15 ans, il a
été une adresse emblématique pour tous les artistes cherchant à se divertir.
Rodolphe Salis prévoit à l’époque de se lancer dans de nouveaux projets, mais
décède deux mois plus tard. Il aura tout de même pu se vanter d’être à
l’origine de l’un des lieux les plus renommés du Paris de la belle époque.